Strategy as Practical Coping : A Heideggerian Perspective
Chia, Robert et Robert Holt. (2006). Strategy as Practical Coping : A Heideggerian Perspective. Organization Studies. Vol. 27(5) : 635-654.
Fiche de lecture réalisée par Johanie Bouffard
Résumé
La littérature portant sur ce que font réellement les acteurs stratégiques dans la pratique ne cesse de croître depuis quelques années. Cet article soutient que, pour approfondir les connaissances sur ce sujet de recherche, il est nécessaire de re-conceptualiser les notions d’agencement, d’action et de pratique ainsi que les liens entre ces concepts. Pour ce faire, les auteurs s’appuient sur le travail du philosophe Martin Heidegger afin d’articuler une théorie relationnelle des actions humaines qui est mieux adaptée pour expliquer les actions et les pratiques de tous les jours. Plus précisément, les auteurs soutiennent que le mode dominant de «construction» dans l’élaboration de stratégies (building mode) dérive vers un mode d’«habitation» (dwelling mode) où la stratégie émerge non délibérément par des pratiques quotidiennes.
En expliquant la stratégie en fonction du mode d’« habitation » (dwelling mode), cela permet de mieux comprendre comment les actions non formelles d’une organisation peuvent être en adéquation avec les objectifs organisationnels, et ce, sans l’existence d’un plan stratégique formel (caractéristique du « building mode »).
Mots-clés
Building, dwelling, pratiques, stratégies, organisations, Heidegger.
Revue de la littérature
Tel que mentionné dans le résumé, cet article s’appuie sur les travaux du philosophe Martin Heidegger qui propose les modes d’élaborations de stratégies qui se distinguent par un mode de « construction » ou d’« habitation ». Mais avant de s’intéresser aux travaux de Heidegger, les auteurs abordent les travaux de Mintzberg portant sur les stratégies dites délibérées et émergentes. Or, selon Chia et Holt, malgré la pertinence indéniable des travaux de Mintzberg, ces derniers n’explorent ou n’élaborent pas sur comment une série actions répétées et cohérentes peuvent émerger de ce que l’on pourrait appeler une « stratégie ».
Méthodologie
En partant de la lacune identifiée des travaux de Mintzberg, les auteurs tentent de démontrer qu’une stratégie peut émerger d’actions non intentionnelles. Pour ce faire ils démontrent comment, grâce à une reconceptualisation des notions d’agencement et d’action, il devient plus réaliste d’envisager que des séries d’actions non délibérées puissent être quand même stratégiques. La méthodologie employée est celle de la recension de la littérature.
Résultats
Puisque l’étude ne s’appuie pas sur une technique de collecte de données, il est difficile d’en faire jaillir des résultats. Toutefois, les conclusions de cet article soutiennent que la littérature s’est encore peu attardée aux pratiques professionnelles de tous les jours et l’importance qu’elles occupent dans une stratégie parce qu’elles sont difficiles à observer aux yeux des chercheurs. En effet, selon les auteurs, il est nécessaire de se distancer de l’individualisme méthodologique, qui cherche à expliquer un phénomène en faisant appel aux intentions et aux motivations des acteurs, pour se rapprocher d’un relationalisme qui reconnaît la primauté latente des relations et des pratiques sur l’individu ou l’organisation.