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Stanford University – Réussite et menaces de cette « usine à milliardaires »

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Entrée écrite par : omsrp


Par Francine Charest et collaboratrices, Ema Zajmovic et Johanie Bouffard.

Comment s’est constitué ce terreau fertile de cerveaux à Stanford University, « usine à milliardaires » de la Silicon Valley ? Comment expliquer cette domination intellectuelle, technologique et économique ?

L’esprit d’entreprise a commencé avec ses fondateurs Leland et Jane Stanford à la fin du 19ème siècle. Stanford a été créé par des pionniers infortunés venus à la frontière occidentale qui ont pris des risques [technologiques] et ont reconnu qu’ils ne réussiraient pas sans construire une communauté plus large et donner un coup de main aux gens autour d’eux, affirme le professeur Eesley de l’école de génie de Stanford (paraphrasé dans Walker, 2013). Travailler en étroite collaboration avec des gens innovateurs et avec la communauté a ainsi constitué le moteur académique et économique des activités de Stanford. La tradition se poursuit avec la nomination, depuis 2017, du président Marc Tessier-Lavigne,franco-ontarien et neurophysicien issu de Mc Gill, puis de Columbia University en passant par Oxford.

Professeurs, étudiants et financement

Les professeurs de Stanford sont encouragés à travailler en étroite collaboration avec le secteur privé. Ils conçoivent des programmes appliqués issus notamment de modèles réussis d’entrepreneurs de la Silicon Valley qui se révèlent riches en enseignement. Soulignons aussi que la prestigieuse université représente la plus forte concentration de doctorants au monde. Ce qui fait beaucoup de cerveaux créatifs réunis sous un même toit… Enfin, depuis 2011, Stanford offre également des cours en ligne d’introduction à l’intelligence artificielle qui ont été suivi par 160 000 étudiants à travers le monde.

Soutenus financièrement par ses donateurs et entrepreneurs éduqués à Stanford, d’anciens étudiants et professeurs ont ainsi fondé des milliers d’entreprises depuis les années 1930 – les premiers PC Hewlett Packard, les Cisco, Sun Microsystems, Intel, Yahoo, Netflix, Paypal, LinkedIn, YouTube, Mozilla, Firefox, etc…– et bien sûr Google. Ils ont par le fait même créé des millions d’emplois et généré des revenus annuels qui se chiffrent en milliard de dollars.

À noter qu’il existe une grande proximité entre Google et Stanford : en 2017, un employé sur 20 chez Google provient de Stanford .

Modèle de réussite

Selon Marca, à la tête du Centre de développement professionnel de Stanford, la réussite de Stanford repose sur trois critères :  la faisabilité technologique, la viabilité du business model et la désirabilité du produit. À titre d’exemple, il cite le cas de l’IPod. La technologie existe, est stable et robuste. Steve Jobs s’en empare, signe des accords avec les majors de la musique pour assurer le modèle économique et rend ainsi l’objet très désirable (2017, op. cit),

De plus, le modèle économique enviable n’en finit pas de faire fantasmer la communauté. “La Californie est imbattable dans la mixité des modèles de réussite académique, corporate et financière: tout le secret réside dans les allers-retours entre ces différents mondes”, commente Yseulys Costes, cofondatrice de 1000mercis société de marketing interactif qui s’est installée dans la Valley, à Palo Alto (op. cit. 2017).

Ainsi plusieurs professeurs, étudiants, donateurs et entrepreneurs technologiques de Silicon Valley sont issus de près ou de loin de cet univers emblématique créé par Stanford. Or, malgré le succès indéniable de ce modèle bien établi, la haute direction se préoccupe de menaces éventuelles sur lesquelles elle devra se pencher rapidement.

 

Menaces éventuelles

Paradoxalement, l’hégémonie des membres de Stanford qui a constitué sa principale force, pourrait aussi représenter l’une de ses principales faiblesses. D’emblée, soulignons que l’illustre université accueille chaque année 16 000 étudiants triés parmi les meilleurs. Or, seuls 4% des postulants sont admis. « Ces chiffres ne varient pas depuis des lustres, et les membres de la faculté craignent que ce conservatisme ne les conduise à laisser échapper les talents à la concurrence », souligne Fontaine (2017, op. cit).

Outre cette sélection rigoureuse, les frais universitaires annuels exorbitants de Stanford estimés par l’institution elle-même, s’élèvent à 68 694$ par an pour des étudiants de 1
er et de 2ème cycle (incluant scolarité, hébergement, repas, etc.). Rappelons que divers organismes contribuent au financement des étudiants. Il n’en demeure pas moins qu’en dépit d’une partie des coûts subventionnés, ces frais ne sont pas à la portée de tous.

Le fait de limiter l’accès à une même communauté, voire à un même groupthink, constitue sans doute la pire menace pour Stanford. Cette pratique ne favorise pas l’émergence d’idées novatrices multiples provenant de milieux diversifiés qui ont pourtant représenté la base de ce mouvement technologique. Et à ce compte, les fondateurs de cet univers technologique ont bien raison de pressentir une menace réelle de concurrence. Mais ce dont ils devraient surtout se préoccuper, c’est plutôt du non-accès à un grand nombre d’esprits créatifs susceptibles d’apporter autant, sinon plus, à un univers qui semble cruellement manquer d’imagination… et d’inclusion tout à coup!

 

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