E-réputation et pratiques des réseaux socionumériques : un enjeu de démocratie participative pour les politiques ?
Retour à la liste des articlesEntrée écrite par : Benoit Adrien Spéciel
Petit préambule aux conférences du Webinaire 2016
1 – Résumé de la conférence
La communication traite des pratiques, des enjeux de l’e-réputation et de l’influence à partir d’une approche de terrain. L’auteur, candidat aux élections régionales en France (dans la région Midi-Pyrénées), en tant que membre de la société civile, se propose à travers une démarche réflexive sur ses propres pratiques et une observation distanciée des stratégies de communication digitale des candidats, posera la question centrale du sens et de l’engagement. Dans quelle mesure les pratiques observées du côté des « émetteurs » que sont les politiques relèvent-elles d’une volonté d’impliquer, d’impulser des actions dans les logiques de fonctionnement d’une démocratie au sens de Tocqueville ? Cette communication, à travers le témoignage proposé, ré-interrogera l’espace public au sens d’Habermas à travers le prisme des réseaux sociaux investis par les candidats à une élection et les pratiques à l’œuvre.
2 – Quelques questions sur les sujets abordés
Les questions suivantes ont été posées directement à M. Regourd et voici la retranscription de ses réponses : Quelle pourrait être la nouvelle définition d’Habermas adaptée aux réseaux sociaux? S. REGOURD : «Je ne crois pas à la substitution d’un espace public à un autre. La définition d’Habermas conserve sa pertinence. Les réseaux sociaux ont un pouvoir de modification, d’influence, de correction mais non d’éradication des données antécédentes. Cela vaut pour les différentes strates historiques de la communication. Celui qui voudrait ne raisonner qu’en termes de réseaux sociaux se tromperait lourdement.» Pourriez-vous résumer les étapes d’une stratégie digitale typique pour un candidat politique? S. REGOURD : «Tout est fonction du lieu, du moment, de la cible, du message. Il ne saurait y avoir une stratégie univoque. En zone rurale par exemple, les réseaux sociaux n’ont qu’une portée faible sinon marginale. Pour les jeunes urbains, elle devient beaucoup plus importante sans être jamais exclusive. La règle principale est de ne pas se laisser imposer un tempo et des axes de communication par les RS. Comme ailleurs, il faut essayer de piloter pour ne pas subir.» Habermas n’influence-t-il pas une forme de lutte des classes entre citoyens actifs et ceux passifs dans la démocratie, ce qui pourrait nuire à une stratégie parlementaire ? S. REGOURD : « La lutte de classes n’est pas un concept inventé par Habermas. C’est une réalité des conflits inhérents à la société capitaliste. Les stratégies parlementaires peuvent être des relais à ces conflits sociaux pour ceux qui s’en réclament ou, à l’inverse, constituer des ripostes ou des réponses aux messages émanant des conflits sociaux. La vie politique ne saurait se résumer aux débats parlementaires. La démocratie représentative ne constitue que l’une des formes de la démocratie. Heureusement, le peuple peut s’exprimer contre ses représentants. Les réseaux sociaux peuvent en constituer une modalité comme le montre en France actuellement la contestation d’un projet de loi visant à réformer le code du travail. Les RS sont au cœur de la contestation qui s’exprime aussi par les voies classiques de Reunions, manifestations, etc. Il y a toujours eu des citoyens passifs pour diverses raisons, indépendamment du rôle des RS.»
3 – Pour aller plus loin
Voici une suggestion de lecture du conférencier pour effectuer une entrée en matière du sujet abordé : Les travaux de l’École de Francfort ainsi que ceux Mediologues et de Regis Debray
Coréalisé avec Lara-Catherine Desrochers